La participation musulmane à l'élection présidentielle française sera très faible
L'élection présidentielle française qui doit avoir lieu, aujourd’hui, 10 avril 2022, peut être considérée comme l'une des élections récentes les plus différentes dans ce pays et peut-être en Europe. Sa différence provient principalement des événements qui ont eu lieu sur la scène politique et sociale de ce pays, ces dernières années, qui ont intensifié les pressions sur les minorités musulmanes et les immigrés.
Catherine Wihtol de Wenden (née le 6 juin 1950) est une politologue française et directrice de recherche au Centre national de recherche scientifique (CNRS). En plus des questions politiques françaises, elle est spécialisée dans l'immigration, les minorités ethniques et les droits des émigrés en France. De Wenden a reçu la médaille d'honneur du Centre national de la recherche scientifique en 2017.
Dans une interview avec l’Agence iranienne de presse coranique (IQNA), elle a évoqué l'élection présidentielle française et le rôle des musulmans, et déclaré :
« L’islamophobie existe de longue date, dans les partis et groupes d'extrême droite en France. Les formes récentes de terrorisme en France, ont largement accru cette haine de la minorité musulmane, même si la plupart de ces musulmans vivent en tant que citoyens. Les musulmans de France ne constituent pas un groupe homogène, il y a les Marocains, les immigrés noirs africains, les Turcs, les Syriens et autres, qui ne se sentent pas en communauté et se considèrent majoritairement citoyens de leur pays d'origine. La minorité musulmane ne vote pas, les parents, en tant qu'étrangers non européens, n'ont pas le droit de vote, et leurs enfants s'abstiennent souvent ou ne participent pas du tout.
Emmanuel Macron essaie de dialoguer avec l'Afrique. Il n'y a aucune action de Macron au sujet des musulmans, en dehors des affaires liées au terrorisme comme l'assassinat de Samuel Petty. Il parle peu de l'immigration et les plus dangereux dans le débat politique contre les minorités, sont les mouvements et partis d'extrême droite. Je ne pense pas qu'il puisse gagner, car son discours est trompeur et beaucoup de gens ne lui font pas confiance. De plus, la récente invasion de l'Ukraine par la Russie, l'a affaibli, car il a décrit Poutine comme « un homme fort » et a été condamné à plusieurs reprises, pour des déclarations antisémites et racistes. Cependant Macron qui joue un rôle dans la politique étrangère et dans le conflit ukrainien, ce que les autres candidats ne peuvent pas faire, a l'air plus fort que les autres candidats.
Mais la plupart des Français ne sont pas forcément islamophobes, il y a des mariages avec des musulmans, des relations de bon voisinage et des associations de solidarité avec les réfugiés du Moyen-Orient.
La France est un pays laïc dont le gouvernement ne parraine ni ne promeut aucune secte. La plupart des candidats n'ont pas parlé des minorités religieuses et des musulmans pendant la campagne, à l'exception de Zemmour et de Le Pen, et certaines zones (sud-est de la France) sont plus hostiles aux musulmans que d'autres (Paris, ouest de la France) ».
