Le rôle de premier plan de l'Afrique dans l'histoire politique chiite

10:47 - July 31, 2021
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Téhéran(IQNA)-« L'amour pour le commandeur des croyants (as) est évident dans le comportement et les croyances du peuple africain. Bien que la majorité soit soumise à la jurisprudence sunnite, leur respect pour les descendants du prophète n'existe nulle part ailleurs », a déclaré Marvin Hiskett, un universitaire africain.

A l'occasion de l'Aïd Ghadir, l’Agence iranienne de presse coranique (Iqna), s’est entretenue avec Mohsen Ma'arefi, membre du corps professoral et directeur du Groupe d'études africaines à l'Université internationale Al-Mustafa, sur l’amour des musulmans africains pour l'Imam Ali (as), et les célébrations de la fête de Ghadir dans cette région, qui a déclaré : « L'histoire de l'Afrique du Nord est liée à l'histoire du chiisme, et cette région a joué un rôle de premier plan dans l'histoire politique du chiisme. L'Islam s'est répandu en Afrique du Nord grâce à l'amour pour l’Imam Ali (as), et dès le début des conquêtes de l'Afrique du Nord, des chiites et compagnons de l'Imam Ali (as) comme Abu Ayoub Ansari, Abu Dharr Ghaffari et Ammar Yasir, étaient présents dans l'armée musulmane. Après la conversion du peuple d'Afrique du Nord à l'Islam, certains chiites et compagnons de l'Imam Ali (as) s'y rendirent, de sorte qu'à l'époque du troisième calife, la présence des chiites en Egypte devint apparente, et quelques compagnons de l'Imam Ali (as) comme Muhammad ibn Abi Hudhaifa et Ammar Yasir sont allés en Égypte sous le califat d'Uthman, pour prêché les enseignements de l'école des Ahl al-Bayt (AS).

L'histoire du premier gouvernement chiite en Afrique, est très intéressante. Les Imams (as) ont prêté une attention spéciale à l'Afrique du Nord et n'ont pas laissé cet amour sans réponse. Parmi les premiers prédicateurs islamiques envoyés au-delà des terres islamiques, il y avait deux personnes nommées Al-Halwani et Abu Sufyan que l'Imam Sadegh (AS) avait envoyées à l'extrême ouest, et comme il avait dit dans un discours, dans une terre vierge qu’ils devaient labourer pour que le propriétaire puisse venir planter ses graines. Leur propagande se répandit rapidement et toute la population urbaine devint chiite, l'une des villes était même connue sous le nom de « Petite Kufa » en raison de son grand nombre de chiites. Après le soulèvement de Fakh contre les Abbassides en 169, sous la direction d'al-Husayn ben Ali ben al-Hasan, descendant de l'Imam al-Hasan al-Mujtaba (as) à Médine, menant à son martyre et à celui de ses compagnons dans une zone appelée "Fakh" près de La Mecque, Idris bin Abdullah, un descendant de l'Imam Hassan Mojtaba (as), s'enfuit en Afrique du Nord. L'histoire de sa fuite en Afrique du Nord et de la façon dont les chiites ont sacrifié leur vie pour le cacher aux agents abbassides est très intéressante. Alors que la répression s'intensifiait, Idris ibn Abdullah s'enfuit à l'extrême ouest parmi les nomades qui aimaient sincèrement l'Amir al-Mu'minin (AS). Il annonça dans des sermons passionnés, qu'il était le petit-fils de l'Imam Ali (AS), et qu’il s'était soulevé pour établir la justice d’Ali (as). Les gens lui prêtèrent allégeance et le premier gouvernement chiite fut formé dans cette région, pendant l'Imamat de l'Imam Musa Kazem (AS), en 172. Les Imams (as) ont beaucoup insisté sur la tenue de deux cérémonies religieuses chiites afin de renforcer l'identité chiite. L'une est le deuil d'Achoura qui dénonce l'oppression qu’a subie l'Imam Hussein (AS), et l'autre est la célébration de l'Aïd Ghadir qui mentionne les vertus de l’Emir des croyants (AS). Dans l'histoire, partout où les chiites ont pris le pouvoir, les premiers rituels qu'ils ont accomplis ont été ces deux cérémonies. Lorsque les Fatimides sont arrivés en Égypte (362 AH), la fête de Ghadir était une de leurs fêtes les plus glorieuses. Les califes fatimides étaient connus pour leur générosité lors des célébrations de l'Aïd Ghadir et il est probable que les chiites d'Afrique du Nord furent les premiers à célébrer l'Aïd Ghadir officiellement. Le Soudan oriental est une civilisation qui s'est formée le long du Nil dans le sud de l'Égypte. L'islam est entré dans ces terres par l'Égypte et de nombreuses personnes vouaient une dévotion totale à l'Amir al-Mu'minin (as). La proximité de la Corne de l'Afrique avec le Yémen a aussi naturellement rendu les peuples d'Afrique de l'Est plus familiers avec l'Imam Ali (as) parce que le peuple yéménite s'était converti à l'islam dès le début, grâce à l'Imam Ali (AS), sans guerre ni effusion de sang, et a joué un rôle dans la consolidation du chiisme, à la fois après la Saqifa et après l'assassinat du troisième calife. Ils ont également été très influents dans le soutien au soulèvement de l'Imam Hussein (AS), et on dit que 34 martyrs de Karbala étaient originaires du Yémen, et qu’après la tragédie de Karbala, les Yéménites étaient les principaux éléments du mouvement chiite des Tawabin. L’épouse de l'Imam Hadi AS (Susan Maghribiyeh) faisaient partie des femmes fidèles d'Afrique du Nord comme les mères de l'Imam Reza et de l'Imam Hassan Askari (as).

L’islam et l'amour de l'émir al-Mu'minin sont entré dans les pays subsahariens aux IIe et IIIe siècles pendant la période des Idrisses, par le nord-ouest et l'extrême ouest, grâce à des marchands musulmans qui apportaient des marchandises mais aussi les idées islamiques et chiites, dans les pays subsahariens d'Afrique de l'Ouest. Le premier rapport sur la présence de l'islam dans cette région, est un rapport entièrement chiite rédigé par Al-Bakri (407-487) dans son livre Al-Masalak wa Al-Mamalak en 430.

En tout cas, il est intéressant de noter que dans les grands empires qui se sont formés dans cette région, tels que l'empire ghanéen, les empires du Mali et de Songhaï, ou l'empire de Kanem-Borno, les fils de l'Imam Ali (as) ont joué un rôle important et gouverné dans certains cas.

Il y a encore - quoique beaucoup moins - une coutume qui veut que certains « Sadat » avec des images de l'Imam Ali (as) portant le Zulfiqar, aillent dans différentes régions pour mentionner les vertus de l'Amir al-Mo'menin et recevoir des cadeaux. De vieux récits sur l'Imam Ali (AS), en langue Hosa, et sur Hazrat Zahra (AS) circulent en différentes langues, et ont été inclus dans des livres d'érudits africains. Le choix nombreux des prénoms d’Ali et de Fatemeh montre leur position élevée dans le cœur des habitants de cette région.

Après la victoire de la Révolution islamique d'Iran, un esprit nouveau a été insufflé dans le corps du peuple africain, et de nombreuses personnes qui avaient été éloignées de leurs origines pendant des années, en ont repris conscience. De nombreux jeunes Africains en quête de justice, montrent un grand intérêt pour le chiisme, et au-delà de la géographie islamique, il existe aujourd'hui un mouvement chiite de plusieurs millions de personnes au Nigeria, dirigé par le Cheikh Zakzaki. Selon un rapport de l'American School Foundation - qui peut paraître un peu exagéré - l'Afrique subsaharienne compterait actuellement la plus grande population chiite, avec plus de 50 millions de chiites, après le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.

Le discours de Ghadir est un discours de justice, d'égalité et de fraternité, et les peuples opprimés d'Afrique connaissent l'importance de ce discours plus que partout ailleurs. Les célébrations de Ghadir peuvent être un pont qui rapproche les cœurs de tous les musulmans, en particulier des chiites et des amoureux de l'Imam Ali (AS) ».

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